Lucian // Me, Myself & I [Terminé]

Dire qu’elle était belle aurait été un blasphème tant elle était magnifique, juste divine. Lorsqu’on la voyait, on savait que la perfection existait et qu’elle s’était incarnée en ses traits. Elle était désirée, courtisée par les plus beaux partis de la ville. Elle n’avait qu’à battre des cils pour que tous soient à ses pieds, qu’à étirer ses lèvres pour qu’ils soient près à lui jurer l’amour éternel. Il était impossible de lui refuser quoi que se soit. Même les femmes qui auraient dû la jalouser, l’idolâtraient. Elle avait cette aura… ce pouvoir d’attraction sur les hommes, et un autre, plus subtil avec les femmes. Elle pouvait tout avoir, rien ne lui était inaccessible et c’était pourtant sur moi, un misérable, qu’elle avait posait ses beaux yeux. Je n’avait rien pour moi, ni richesse, ni bonne éducation, pas même une once de charme mais c’était tout de même sur moi qu’elle avait jeté son dévolu. Elle devait me répéter maintes fois dans la même journée combien elle m’aimait tant cela me semblait irréel. Mais il fallait comprendre mes doutes… comment une femme aussi parfaite qu’elle pouvait être tombée amoureuse d’un moins que rien comme moi, alors qu’aucune autre –qu’importe le rang social- ne m’avait jamais prêté ne serait-ce que la moindre attention ?

Son amour, elle l’expliquait d’une manière fort simple, mais qui me laissait perplexe. C’était la bonté de mon âme qui l’avait touché. Elle me trouvait différent des autres, différent de ces riches et prétentieux qui finissaient par bafouer son honneur et son amour en la trompant dès qu’ils avaient réussi à la faire leur. Elle savait que je n’étais pas de ceux là. Je ne posais même pas les yeux sur une autre femme –elles ne me regardaient pas non plus. Je ne me pavanais pas devant mes amis – que je n’avais pas. Et je ne l’affichais pas comme l’une de mes nouvelles acquisitions fortes coûteuses – que je ne possédais également pas, ne pouvant me les payer. Et bien que je ne puisse la couvrir de cadeaux comme l’avaient fait moult de ses anciens prétendants, je la traitais bien mieux d’après ses propres dires. Et c’était vrai… Je la traitais comme une reine, j’étais prêt à tout pour elle, pour ses magnifiques prunelles, pour ses merveilleux sourires.

Notre idylle dura plusieurs mois sans que rien, absolument rien, ne vienne la perturber. Mais alors qu’elle se plaisait dans cette relation, je lui fit part de mon désir de m’engager davantage envers elle. La question fut alors posée : « Combien m’aimes-tu Lucian ? » Cette interrogation me surprit grandement. N’était-ce pas évident ? « Plus que de raison, plus que ma vie… Je serais prêt à tous les sacrifices si c’est pour pouvoir passer l’éternité à tes côtés. » Ses lèvres s’étirèrent dans un tendre sourire. C’était la réponse qu’elle avait attendu apparemment, espéré et il me semble que sa décision fut prise à cet instant. Sans me prévenir, ni même me laisser un indice sur de ce qui aller suivre, de ce qu’elle allait faire, elle se pencha vers moi et susurra à mon oreille quelques paroles que je ne compris pas. « Alors je vais t’offrir cette éternité. » Elle déposa un baiser tout en légèreté sur mon cou. Le bonheur et la joie qui étaient imprégnés sur mon visage disparurent lorsque je sentis soudainement quelque chose déchirer la chair de ma gorge. L’étonnement vint en premier lieu, mais fut aussitôt remplacé par une grimace de douleur. C’était affreux, autant que je puisse m’en souvenir, c’était terriblement douloureux… tant que je ne pu garder conscience.

Lorsque je revins à moi, je dû prendre un certain temps avant de me rendre compte que je n’avais pas rêvé. La douleur, le goût métallique du sang encore présent dans ma bouche m'obligeant à réaliser que je n'avais pas simplement imaginer m'abreuver d'elle, et cette faim... me tiraillant les entrailles et brûlant ma gorge asséchée... Et ce fut ma belle qui m’expliqua ce qu’il s’était passé, ce qu’elle avait fait de moi. J’aurais pu la croire folle si elle n’avait pas apporté des preuves quant à ce qu’elle avancé. La meilleure fut sans doute moi-même. Dès lors ma vie changea du tout au tout. J’étais devenu un être exceptionnel. Beau, élégant, charismatique… les hommes m’admiraient, se disputaient pour faire partis de mes amis, les femmes se pâmaient devant moi, désireuses de partager mon lit. Je ne les décevais pas, profitant de ce que la vie m’avait toujours refusé et qu’elle m’offrait à présent. Je me mis à délaisser peu à peu mon aimée. D’ailleurs l’aimais-je toujours ? l’avais-je même aimé un jour ? N’était-ce pas simplement sa beauté qui m’avait séduit ? car à ce moment là, plus rien en elle ne me faisait trembler. Je ne restais finalement avec elle que par convenance. Elle n’était pas n’importe qui. Une noble parmi les vampires d’après ce qu’elle m’avait confié, infantée directement par un membre du Conseil, faisant de moi, un noble également. Mon ego naît en même temps que mon moi vampirique, ne cessa d’enfler à partir du jour où elle me confia ce détail. Je n’avais pas simplement eu la chance de tomber sur un vampire, mais sur un vampire de grande lignée !
Cependant, lorsqu’elle me surprit avec une autre, je n’ai pas cherché une raison de me dérober. Elle cria, pleura, et moi, je soupirais… « Je te croyais différent ! Tu disais que tu m’aimais ! » Le rire mauvais qui s’éleva de ma gorge la laissa interdite. « Bien sûr que je t’aimais, quand tu étais exceptionnelle ! Mais maintenant que je le suis également, qu’es-tu toi ? rien… si ce n’est une femme parmi tant d’autres. » Choquée par les paroles de cet être qu’elle avait elle-même créé, elle ne pu que me voir m’en retourner sans essayer de me retenir. Je ne l’ai plus considéré à partir de cet instant, elle faisait, selon moi, partie du passé et les années qui suivirent, je profitais, abusais de la vie et de ses plaisirs, sans me soucier de la haine que j’avais engendré en elle.


Je pose ma plume et parcours des yeux le papier noirci par mes mots. C’est tout de même incroyable la précision avec laquelle je me souviens de tout ça. J’ai bonne mémoire certes, mais cela ne concerne pas des événements passés il seulement dix ou vingt ans. Non, cela remonte à bien plus loin encore, amis je ne regrette pas de ne pas avoir oublié. C’est l’histoire de ma vie ou plutôt, de mon ancienne vie et même si cette partie de moi est morte, même si je répugne à penser que j’ai été un simple humain par le passé, aussi faible et insignifiant qu’eux, je pense qu’il est bon de se rappeler qui j’ai été pour pouvoir savourer ce que je suis devenu. Physiquement parlant, je ne trouve pas avoir tant changé que cela. Grand à la carrure peu développée, mes cheveux mi long me donnant un air désinvolte. Je n’avais rien du type mystérieux faisant fondre les jeunes filles. Je paraissait doux, peut-être fragile et limite inoffensif. Mais une fois devenu vampire, mes traits se sont affinés et se sont imprégnés d’une beauté saisissante, et je me suis découvert un charisme que je n’avais jusqu’à lors jamais soupçonné. Normal, j’étais bien loin de le posséder étant humain. Si je devais résumer, je suis devenu beau, élégant, fascinant. Il est normal que mes goûts aient évolué dans ce sens. J’aime le luxe, ce qui est raffiné et élégant. Je me suis tellement longtemps contenté de peu que je me pense en mon droit de m’entourer de belles choses. Les femmes en font parties bien entendu. Simples objets comblant le moindre de mes désirs, je ne pioche pas au hasard, celles que je me met sous la dent ou sous mes draps ne sont pas de vulgaires catins. Je ne mange pas n’importe quoi.
Mon meilleur passe temps reste le cinéma. La plus belle des inventions selon moi, et bien que j’ai assisté à nombreuses évolutions, je m’étonne de ce que l’on peut faire aujourd’hui. Il y a pourtant des choses qui auraient mieux fait de rester tel quel. La musique par exemple. Je préfère me détendre avec un morceau de classique que ce que l’on entend à présent.

Je me suis également découvert un goût pour le voyage avec les années, j'ai visité maintes pays et découvert maintes cultures, sans compter les plaisirs et les vices leurs étant liés, pour revenir encore et toujours en Angleterre. Lorsque mes envies de voir le monde se meurent, je retourne toujours au pays. Voilà quelques années que je n’ai pas bougé, tranquillement installé sur ce territoire qui est le mien. Enfin ce n’est qu’une façon de parler, puisque je ne suis pas le maître vampire des lieux. J’ai prêté allégeance à ce dernier, pour bénéficier de sa protection en cas d’ennuis. C’est toujours utile. Mais pourtant, je ne l’aime pas, lui et encore moins les lois qu’il doit faire appliquer. Je déteste avoir quelqu’un au dessus de moi, je suis un indépendant, je n’ai pas besoin qu’on me ‘garde’. Si je veux profiter des humains tel le bétail qu’ils sont, je le fais. D’ailleurs je ne m’en prive pas ! J’use et abuse de mes charmes, séduisant les jolies demoiselles pour m’en abreuver, les posséder quelques instants et les abandonner finalement si je suis d’humeur joyeuse, dans le cas contraire, elles ne passent pas la nuit. Pauvres d’elles ? Pitié ! Je leur fais une fleur en abrégeant leur misérable vie dénuée de toute intérêt ! Je mène ma vie comme je l’entends et je n’ai pas besoin d’un gusse comme Asher pour me dire ce qui est mal ou non. Et puis quitte à avoir un maître vampire, pourquoi ce ne serait pas moi ? Je suis tout aussi compétent que lui après tout, mieux même ! Jaloux moi ? Absolument ! Mais je me garde bien de le dire ou de le montrer réellement, d’ailleurs un conseil : ne jamais me dire que je semble en proie à ce sentiment, cela risquerait d’être votre dernière erreur, après celle de m’avoir adresser la parole.