Alexander Wellington [OK]

► DEscriptION PHYSIQUE :
Lors de sa transformation, Alexander approchait la trentaine. A son époque, il était déjà bien plus qu'un homme. Assez grand aux épaules carrées, sa stature et sa corpulence incarnent à la perfection l'iamge de "force tranquille". De sa mortalité, il a conservé une musculature fine et déliée qui s'est mué en souplesse féline et élastique sous les crocs d'une dénommée Bianca. Gracieux sans être maniéré, Alexander a cette façon de se déplacer très particulière qu'ont la majorité des vampires. Il a su toutefois traverser les âges, les époques et leurs dangers en sachant toujours se fondre dans la masse. Malgré un âge vénérable et avancé, Alex ne sombre pas dans l'anachronisme forcené dont peuvent faire preuve les vieux vampires. Vous ne verrez chez lui aucune chemise à jabot ou aucune dentelle froufroutante. On ne survit pas des siècles en se démarquant de façon aussi flagrante. Comme tous ceux de sa race, la peau d'Alexander est pâle et froide mais ne sombre pas dans le maladif ou le blême digne d'un mauvais film de série B. Il porte ses cheveux blonds mi-longs, rarement attachés. Ses yeux sont d'une insolite couleur verdâtre tirant parfois sur un bleu singulier selon la luminosité qui les frappent, ils se cernent d'une légère carmin lorsque la soif le tenaille. Les traits harmonieux mais sans cesse un peu tirés, Alexander affiche une moue presque mélancolique mais qui s'efface rapidement pour devenir expression dure et détachée. Ayant un contrôle quasi parfait sur la moindre de ses réactions, les colères du vieux vampire sont rares mais remarquables. Il est difficile de décrypter ses gestes, de savoir ce à quoi il pense. D'un éternel blasé et objectif, il semble la plupart du temps observer ce qui l'entoure, étudiant, détaillant, déchiffrant les personnes gravitant autour de lui. Alexander n'est pas du genre à foncer tête baissée et la froide logique a pris le pas sur la fougue de sa jeunesse. Comme tous les vampires, la voix d'Alexander peut se faire enchanteresse lorsqu'il murmure des ordres hypnotiques à un mortel. Des intonations graves, un filet de voix un peu éraillée, elle peut se faire velours et ronronnante comme glaciale et méprisante.

► STYLE VESTIMENTAIRE : Aucun style particulier...Alexander se contente d'être dans son temps et évite les fautes de goûts.

► DEscriptION MORALE:
personnage haut en couleur, Alexander n'est pas de ceux dont on peut s'enorgueillir de connaître parfaitement. Tout en nuances, donnant une part belle au mystère, il est assez avare en informations sur son passé et il est difficile de savoir ce qui fait vibrer cet homme de plus de sept cents ans. Le vampire fougueux, assoiffé de sang et de bacchanale de l'époque des Croisades est devenu un être calme et posé. Depuis sa libération par celle qui l'a crée, depuis qu'il a fait renaître son cher Asher, Alexander est devenu une personne plus responsable. Réfléchi, doté d'une intelligence vive, il a prouvé qu'il savait s'adapter. Comme un joueur d'échec, Alex sait se représenter un immense damier sur lequel chaque pièce du jeu possède une identité réelle, il n'appartient qu'à lui d'avancer ces pions pour arriver à ses fins. Excellent stratège, l'ange blond voit loin. Très loin même. Les actes présents auront toujours une répercussion quelle conque un jour où l'autre et il vaut mieux les connaître. "Prévoir c'est gouverner", se plaît-il a répéter. Ancien noble anglais, cette noblesse l'a suivi durant sa vie vampirique. Alexander est très à cheval sur les règles de politesse et d'étiquette. Il ne supportera aucune familiarité à son encontre et remettra rapidement l'insolent, l'inconscient ou le malappris à sa place. La société des vampires a perduré dans l'ombre sans sombrer dans le chaos grâce à cet ordre immuable qui fait courber l'échine à certains. Et puis, il faut bien avouer c'est assez jouissif et agréable de voir des nuques se ployer sur votre passage et d'entendre des formules fleuries à votre encontre. Alexander considère qu'il n'a plus rien à prouver et que les personnes à qui il doit rendre des comptes sont fort rares. Humain, Alexander a été "façonné" pour devenir un formidable outil d'espionnage pour sa famille. Très bon orateur, adepte des joutes oratoires, le vampire a perfectionné ce don l'élevant au rang d'art. Il aime voir autrui se perdre dans son discours, il aime imposer subtilement son point de vue, sa volonté aux autres. Alexander aime qu'on lui obéisse, et avec diligence. Manipulateur et dominateur, il peut vous flatter d'une main tout en préparant sa lame de l'autre. Aucun bienfait n'est donné sans rien attendre en retour, et le paiement est toujours à la hauteur de la demande ou de l'offrande. Mais cela...il se garde bien de vous le dire. Alexander a une excellente mémoire et il est déjà arrivé qu'il réclame son dû à un vampire qu'il a aidé un siècle après sa main tendue. On n'a rien sans rien. Détaché, blasé et parfaitement objectif, rien ne paraît pouvoir émouvoir Alexander. Son visage de marbre affiche une expression à la fois ennuyée et mélancolique parfaitement égale. Bien malin celui qui pourrait percer le mystère que cachent ces intriguants yeux pers. Un sourire ironique peut parfois flotter sur les lèvres fines du vampire, et ce n'est guère un excellent présage. Moqueur, cynique et sarcastique, Alexander fait preuve d'une dureté, d'un manque complet de considération pour ceux qui lui sont inférieurs et il ne se gênent pour le leur rappeler. Diaboliquement tentateur, sa Dame, celle qui l'a crée, lui a insufflé ce magnétisme, ce charisme particulier à sa lignée. Une sorte d'aura de prédation plane autour d'Alexander, une aura que tout mortel reconnaît comme dangereuse, périlleuse et mortelle mais à laquelle il est difficile de résister. Il incarne le parfait fruit défendu, la pomme maudite qui, avant même d'être goûtée, souille votre âme du sceau du péché.

► GOÛTS :
Malgré une éternelle attitude de lassitude et de mépris, Alexander peut encore se passionner pour certaines choses humaines. L'art entre autres l'a toujours intrigué. Il est incapable de fournir la moindre merveille, le moindre chef d'oeuvre et cette façon qu'ont certains mortels d'être presqu'en transe lorsqu'ils peignent ou chantent est absolument fascinante. Alexander observe ces derniers avec la curiosité d'un zoologue qui se trouve face à une espèce inconnue.
Les femmes ont toujours une place importante dans la non-vie d'Alexander. De simples garde-manger, elles peuvent devenir amantes d'une nuit. Selon la façon dont elles se comportent, il pourra se faire velours, brusque, méprisant. Capter la réelle attention d'Alexander n'est pas chose facile.

► FAMILLE: Description des membres de la famille, explication des relations, etc.
Bianca : Sa mère, son amante, celle qui l'a crée, qui l'a retenu et libéré. Il n'a plus aucune nouvelle d'elle depuis des siècles à présent, mais il sait, au plus profond de son être qu'elle est encore en vie, quelque part dans ce vaste monde. Même s'il sait qu'elle a tout fait pour lui masquer la vérité sur certains de ses dons, il lui est quand même loyal, non pas par volonté propre ou parce qu'il l'estime, mais parce qu'il est de son devoir en tant qu'Infant d'éprouver un peu de respect pour la créature qui l'a fait renaître.
Asher : Sa plus belle réussite, son Infant chéri, le fils prodige. Asher ne l'aura déçu qu'une seule fois et la punition qui lui a été infligée a été exemplaire. Alexander l'aime comme un père aime son rejeton. Asher, de son côté, s'est toujours montré respectueux à son égard. Aucune parole pouvait le blesser, aucune attitude trop familière, un mélange subtil de déférence et de crainte qui est, aux yeux d'Alexander, la relation la plus saine qu'un Infant puisse avoir envers son Père.
Romen : Libéré également de sa tutelle au bout de quatre-vingts années, Alexander n'a que très peu d'estime pour cet Infant capricieux, imbu de sa personne et franchement agaçant. Asher a toujours été meilleur que lui, même durant leur mortalité, le premier s'est révélé hautement plus intéressant que le second. Alex sait que son deuxième fils le déteste pour ce qu'il lui a fait et il s'en fiche royalement. Cela fait suffisamment longtemps que ce dernier est libre et considéré comme adulte, il n'a donc plus aucun compte à lui rendre. Asher est devenu un vampire comme les autres qui ferait mieux de lui donner le respect escompté.

► HISTOIRE :

L'Oisiveté est mère de tous les vices

Les Wellington...famille proche des barons qui gouvernaient alors pleinement l'Angleterre malgré la présence d'un roi quasi fantoche, ils ont toujours su se démarquer des autres propriétaires terriens. Ils se sont placés et ont aidé dans l'ombre ces même barons lors de leur soulèvement et ont grandement joué dans la rédaction de la charte qui limita les pouvoirs du souverains en le soumettant à un conseil de nobles. Influents, riches, possédant un immense domaine fournissant les principales denrées que l'on servait à la noblesse, leur puissance était telle que rien n'aurait pu ébranler cette famille qui faisait figure de dynastie. De solides mariages en unions juteuses, ils étaient à la tête d'un véritable empire marchand s'étendant jusqu'en France.
Lorsque Alexander Richard vit le jour, il n'était pas l'aîné mais le second fils. Les règles de primogéniture le destinaient à devenir un rentier au mieux un chevalier errant ou un homme de foi au pire. Sa mère pensait même l'envoyer sur le continent auprès d'une lointaine cousine pour nouer encore plus étroitement des liens avec la branche familiale française grâce à un splendide mariage arrangé. Mais c'était sans compter le caractère frondeur qui sommeillait sous les cheveux blonds de cette petite chose rose aux grands yeux bleus.

En tant que fils Wellington, Alexander bénéficiera de très bons professeurs pour l'époque. Des lettrés français vinrent lui enseigner cette langue, lui apprendre poésie et musicalité. Les maîtres d'armes du domaine familial lui apprirent à manier la lame et l'arc. Sa propre mère lui révéla les secrets subtils du charme de la cour. Il doit beaucoup à cette femme fière et altière, froide et distante, calme et réfléchie. Les plus belles leçons, il les tirera d'elle. Les compliments maternels étaient rares mais justes, ses punitions imaginatives et terribles. Rien n'était plus douloureux que la décevoir, et rien ne s'avérait plus gratifiant que de la remplir de fierté. Alors qu'il entrait à peine dans l'adolescence, la mère d'Alexander décida de le jetter dans la fosse aux lions. Elle l'emmena avec elle dans un de ces banquets où les alliances se tissent en échanges discrets et les complots se fomentent en gestes secrets. Alexander devait observer, tirer des conclusions et sur le chemin du retour exposer ce qu'il avait pu comprendre durant la soirée. Sous chaque conversation banale, sous chaque allusion, se cachait une information. C'est ainsi qu'il devint un homme observateur et manipulateur, car celui qui maîtrise le langage du corps possède le langage de l'âme.
Tout laissait à penser qu'Alexander ferait un formidable espion à la solde de sa famille. Convié à toutes les fêtes de la noblesse, le jeune homme excellait dans les jeux de cour. Rapidement, une foule de demoiselles se pressa autour de lui. La naïveté d'une femme languissante est tellement malléable...un sourire, une parole savamment dosée, une main frôlant une épaule nue et on se retrouvait rapidement dans un boudoir en tête à tête, les doigts en train de retrousser les soieries d'une robe hors de prix. Alexander fascinait, hantait et habitait les coeurs. Son excellence, ses manières feutrées, tout en lui était promesse à une idylle passionnée et romantique. Mais une fois qu'il obtenait son dû, une fois qu'il avait possédé le corps de la demoiselle...cette dernière perdait tout intérêt. La chasse et la traque étaient bien grisantes que l'hallali.


Et la Mort porta le masque de l'Innocence

Richard Wellington - Alexander. C'est parce que ta mère t'aime profondément que je lui ai concédé de ne pas te fiancer avec ta cousin d'Aquitaine. Mais voilà dix ans que tu es un homme et tu n'as toujours pas trouvé d'épouse. Les autres familles jasent et t'attribuent des pratiques...que n'auraient pas renié un habitant de Gomorrhe.
Alexander - Père, de grâce, ne m'infligez pas ce genre de discussion lénifiante. Mon frère oeuvre déjà pour le prestige de la descendance Wellington. Laissez moi l'oisiveté et la passion à qui ma naissance me prédestinait.

Sans un regard, ni une parole de plus, Alexander laissa là son père et fila se mêler à la petite foule qui se pressait dans les jardins luxuriants du domaine Wellington. Le père de l'ange blond désespérait de trouver une épouse digne à cet enfant capricieux et extrêmement élitiste. Aucun des portraits de jeunes vierges qu'il lui avait proposé n'avait retenu son attention. Alexander les avait tous regardé d'un oeil morne et dénue de tout intérêt. Seul la décadence et la luxure semblait l'intéresser...cela ferait grimacer l'Eglise, il en était certain. Un homme de plus de 25 ans, célibataire, aux moeurs dissolues, est voué un jour ou l'autre au cloître et à la repentance forcée. En soupirant, le quadragénaire tourna les talons et détourna les yeux de la silhouette fine et gracieuse de son fils cadet qui retrouvait sa cour.
Alexander de son côté avait beaucoup mieux à faire que s'épancher sur son célibat. Parmi les convives, il y avait un visage qu'il ne connaissait pas. Un visage à la peau pâle. Un visage aux lèvres carmins et à la moue boudeuse. Un visage au regard gris qui semblait vous transpercer. Un visage que l'on n'oublie pas une fois qu'on l'a vu en pâmoison. Ecartant les quelques jeunes hommes qui se pressaient autour de l'inconnue, ordonnant aux domestiques de disperser les autres, Alexander parvint envie aux côtés de la sublime apparition dorénavant seule. Il avait vu maintes jeunes femmes jolies mais aucune n'égalait cette beauté froide et à la fois incroyable brûlante. Quelque chose de terriblement dangereux et tentant s'échappait d'elle. Une sorte d'aura, de magnétisme irrésistible qui pourrait lui faire perdre tous ses moyens. Il se perdait dans ces iris gris presque opalescents. Il s'égarait dans ces boucles noires qui cascadaient sur une épaule dénudée. Une seule envie lui tordait l'estomac, celui de baiser cette peau si blanche, d'ôter cette robe et de posséder ce corps. Les paupières de l'inconnue se plissèrent de malice et sa voix cristalline et chantante, bercée d'un accent italien adorable s'éleva, éteignant le joyeux brouhaha autour d'eux.

Bianca - Alexander Wellington en personne. J'ai entendu parler de vous, jeune homme. Votre réputation vous précède. Et si on devait croire toutes les rumeurs qui j'ai pu entendre ce soir et qui courent à votre sujet, vous êtes une légende. Emmenez moi dans un endroit un peu plus calme, s'il vous plaît.

Comment résister au chant d'une sirène? Même Ulysse le Grec n'avait pas pu. Comme un automate, parfaitement obéissant et possédé par cette voix et ce regard, Alexander entraîna Bianca dans le manoir familial. Sous sa main, la peau de son invitée était semblable à du marbre. Froide. Glacée même. Mais charmé, il n'y prêta aucune attention. Avant d'avoir pu esquisser un seul geste, Alexander se retrouva plaqué contre le mur de pierre, une main glissée sous sa nuque. S'égarant encore quelques secondes dans le regard de l'inconnue, il distingua deux éclats blancs avant qu'elle ne fondit au creux de son cou. Une douleur aigüe l'irradia lorsque les crocs percèrent sa peau. Un liquide chaud coula sur sa peau tandis qu'une langue glacée se mit à le laper. Son coeur s'accéléra tandis que sa vie s'écoulait dans la gorge de cette succube, pourtant, il n'avait pas peur et la douleur laissa place à une étouffante volupté qui alluma un brasier au creux de ses reins. Qu'elle le vide, qu'elle le tue mais de grâce, qu'elle ne s'arrête pas.
Cette nuit-là, Alexander quittera le manoir familial en compagnie de Bianca. Il laissera derrière lui famille et amis.


Servitude et Renaissance

Londres palpitait au rythme des barons qui étouffaient de plus en plus le roi. Bianca vivait dans un petit manoir en bordure de la cité. Entouré d'un jardin vaste, abrité des regards par une haute futaie, l'endroit était charmant la journée mais lugubre une fois la nuit tombée. Dans un état presque second, Alexander fut débarqué du fiacre qui les y avait amené. A moitié inconscient, le cou meurtri et le regard dans le vague, les quelques domestiques humains le prirent immédiatement en charge. Il était fréquent que leur maîtresse insatiable ramène de charmants jeunes hommes qui ne sortaient plus jamais de la demeure. Robuste et tenace, Alexander recouvra ses moyens en une dizaine de jours. Cloîtré dans la vaste demeure, Bianca mettait tout en oeuvre pour que son jeune invité ne manque de rien et n'ai aucune envie de la quitter. Au fil des semaines, usant et abusant de son charme surnaturelle, Bianca parvint à annihiler toute velléité de liberté chez le jeune homme. Il était temps de montrer son nouveau jouet à ses proches.

Bianca - Alexander, j'aimerais te présenter à quelques...amies.

Dès qu'Alexander posa les yeux sur ces "amies", il sentait les griffes d'un piège se refermer lentement sur lui. Trois sourires tout en croc le jaugeait du regard avec avidité. Rien n'est plus désagréable que l'impression de n'être plus qu'un tas de viande et non plus l'objet d'un quelconque désir. Les mains de Bianca s'étaient transformées en étau qui lui broyaient les épaules. Et à chaque pas qu'elle le forçait à faire en direction des trois autres vampires, la panique prit le pas sur l'angoisse. On lui attrapa les poignet, on le tira violemment en avant, on le força à pencher la tête. Quel imbécile...il s'était toujours juré de ne pas se faire abuser. C'était lui qui abusait les autres, lui qui profitait. Il lança un regard implorant, incapable de prononcer la moindre parole, vers Bianca. Et dire qu'il l'appelait "ma tendre amie". Des dents se plantèrent dans son cou, dans la chair tendre de son bras et sous ses côtes. Le tambour de son coeur adopta un rythme rapide et affolé, étrangement dissonnant et assourdissant. Sa bouche s'assécha et entre ses lèvres son souffle se fit sifflement. Il déglutit péniblement tandis qu'un voile opaque tombait sur ses yeux. Le tambour se calmait...se calmait...Alexander n'entendait plus l'écoeurant bruit de succion de la bouche près de son oreille. Déjà, il ne distinguait presque plus le minois de Bianca.

Bianca - Cela suffit. Laissez le moi.

Bianca écarta sans ménagement ses "amies" qui se renfrognèrent, vexées de ne pas avoir pu terminer leur repas. Etendu sur le sol, deux filets de sang ruisselant de ses blessures, Alexander tourna la tête dans la direction de Bianca. Son corps était tellement lourd...trop lourd. Il essaya de lever la main mais de l'élever qu'à quelques centimètres du sol. Une main froide effleura son front, repoussant quelques mèches dorées. Il distingua une ombre se pencher sur lui. Le parfum de Bianca l'enveloppa tandis que la vampire prenait l'ultime gorgée de sang qui poussa Alexander aux portes de la mort. Recueillant le jeune homme au creux de son bras, elle s'entaille le poignet et plaqua la plaie sur ses lèvres, laissant son pouvoir se diluer en celui qu'elle avait choisi.


Et le Destin lui donna un Fils

Deux siècles se sont écoulés. Deux siècles durant lesquels Alexander n'aura de cesse d'essayer de découvrir et de comprendre les nouvelles règles qui régissent ce monde qu'il découvrait au fil des nuits. De soirées en soirées, de bacchanales en bacchanales, de voyages en voyages, Biance et Alexander laissèrent derrière eux une odeur de soufre et de sang. Couple de jeunes nobles, haute dame et son serviteur, soeur et frère, ils endossèrent tous les rôles, se mêlèrent à toutes les classes. Bianca était avare en information sur le monde vampirique, sur les pouvoirs que son sang avait octroyé à son Infant. Elle se garda bien de révéler de quoi il pouvait être capable. Sous ses allures dociles et respectueuses, sous ses manières polies et courtoises, elle se doutait que se terrait un démon qui pouvait s'avérer bien plus terrible qu'elle. Au bout de deux cents ans, Bianca décida de libérer son Infant. Devenu sur le point de la surpasser en puissance, elle préféra lui accorder cette indépendance qu'il réclamait avec de plus en plus de fermeté.

Les premières années, Alexander s'accomoda fort bien de cette solitude. Aucune entrave, aucune obligation. Il se bâtit rapidement une identité qui lui permettrait de s'inviter dans toutes les soirées huppés. Là, il trouverait nourriture et luxure. Tout ce qu'il appréciait. Duc de Norfolk...voilà le titre qu'il s'était donné. Il ne lui était pas difficile d'obtenir de l'argent et encore moins difficile de se parer des atours dignes d'un duc.
Il retrouva sa chère Londres qu'il avait délaissé pour ses pérégrinations avec Bianca à travers toute l'Angleterre et le Nord de la France. Avec facilité, Alexander s'imposa rapidement comme la personne qu'il fallait compter parmi ses amis. Il viendrait d'une importante famille anglaise qui est parvenu à s'allier avec Normands et Français. Une personne qu'il valait mieux ne pas ignorer si l'on voulait nouer d'excellents rapports avec ceux du continent. Blackstone était un noble tout ce qu'il y a de plus commun et très rapidement, ce dernier vint faire les yeux doux à Alexander Norfolk, l'attirant sur son domaine, lui proposant chambre particulière, soirées agréables et jeunes femmes si le duc les acceptaient bien évidemment. Amusé par le besoin pathétique de jouer l'important de ce noble, Alexander se laissa tenter.

Il y a des regards emplis de revanche qui vous frappe. Celui du jeune Asher était de ceux-là. Simple commis d'après Blackstone, il apparut rapidement aux yeux d'Alexander qu'il s'agissait plus d'une sorte d'esclave voire de faire-valoir et de défouloir à l'arroguant fils de cette famille noble, Romen. Sous la couche de crasse, le regard bleu acier de ce serviteur exprimait tout sauf la soumission et la résignation. Haine. Rancoeur. Vengeance. Des sentiments violents agitaient ces prunelles tandis que les lèvres restaient closes. Pensait-il déjà à cet instant de faire d'Asher son Infant? Certes non. Un bon serviteur à la rigueur. Une pomme de sang dans le meilleur des cas. Cette violence contenue fascinait le vampire. Ce sera Asher qui viendra à lui...d'une manière qu'Alexander aurait préféré différente.
Alors qu'il s'abreuvait au cou gracile d'une domestique absolument délicieuse, Alexander croisa ces prunelles bleues. Juste en face de lui. En un éclair, il lâcha la jeune femme encore en pâmoison et hypnotisée pour se ruer sur le jeune homme. Bondissant sur ce dernier en un battement de paupières, il le plaqua au sol en enfouit son visage dans le cou sale. Ses crocs arrachèrent la chair molle et le sang inonda le sol de pierre. Aucun cri ne franchit la barrière des lèvres craquelées d'Asher. Aucun piaulement de surprise ou de douleur. Alexander se redressa et plongea son regard dans ces prunelles qui l'avaient frappé la première fois qu'il les avait croisé. Avalant difficilement de grandes goulées d'air, l'humain ne détourna pas les yeux. Etait-ce de la colère que le vampire y lisait? De la frustration? Alexander se pencha sur Asher, murmurant à son oreille.

Alexander - Es-tu prêt à sacrifier ce qui t'es le plus précieux pour renaître et avoir ta vengeance? Es-tu prêt à me suivre dans les ténèbres? A te damner? Un hochement de tête bref et saccadé fut la réponse d'Asher. Un sourire étira les lèvres d'Alexander. Parfait. Bois. Il déchira l'intérieur de son poignet et offrit la plaie sanguinolente au mortel.


Le Père cache les fautes de son fils

Telle une tornade, Alexander déboula devant Asher. Encore accroupi au sol, Romen dans ses bras, le cou ouvert, son Infant levait vers lui un visage à l'expression indéchiffrable. Le blond vampire tenait par la gorge la servante qui s'était enfuie. Sans aucun ménagement, il jetta le corps de la jeune femme au sol. Exsangue. Il s'avança d'un pas raide vers son Infant qu'il repoussa violemment d'un coup de pied.

Alexander - Imbécile! quelle est la première règle que je t'ai enseignée? Quelle est la loi primordiale pour nous vivions en paix? Ne pas révéler notre nature. Sers toi de ce qui te sert de cervelle et ne laisse pas tes sentiments embrouiller tes actes.

Alexander baissa les yeux sur Romen qui hoquetait au sol, le corps tordu dans une position grotesque. Quel gâchis. Il fallait dans un premier temps s'occuper de cet insupportable mortel et ensuite cacher la servante. Du bout du pied, il retourna l'humain encore vivant dont les yeux commençaient à devenir vitreux. Se baissant au sol, Alexander riva son regard à Asher.

Alexander - Toute erreur mérite punition. Et celle que je vais t'infliger, Asher, sera exemplaire. Alexander porta à ses lèvres son poignet qu'il ouvrit d'un coup de crocs. Son sang commença à couler entre les lèvres devenues blanches de Romen. Romen sera ta pénitence. Ton frère par-delà la mort. Tu as voulu t'en débarrasser pour toujours? Tu devras le supporter pour l'éternité.
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Alexander n'appréciera jamais réellement Romen. Trop imbu de lui-même, trop vaniteux, trop gâté, le second Infant du blond vampire ne trouvera jamais grâce à ses yeux et restera pour toujours une simple punition pour son premier fils si parfait.
Asher sera toujours sa plus belle réussite. Il reproduira avec son Infant le comportement de sa mère mortelle. A la fois froid et distant, proche et attentif, Alexander n'hésitera jamais à punir ou à rudoyer son fils lorsque les conditions l'exigent.
Lorsqu'il accordera leur liberté à ses deux rejetons au bout de quatre-vingt années, c'est avec fierté qu'il laissa partir Asher et dédain qu'il abandonna avec soulagement l'insupportable Romen.


Traverser le temps

Alexander passera les cinq siècles en voyageant à travers l'Europe. Très attaché à ce continent, les Amériques ne l'attirèrent jamais. Vampire cultivé et lettré, il ne pouvait envisager vivre dans un pays où il ne trouverait pas de vieilles pierres, de demeures chargées d'histoire et de monuments qui vous imposaient le silence par leur magnificence.
A Paris, il aura maille à partir avec la Très Sainte Inquisition. Il parviendra à s'en tirer avec quelques cicatrices dont celle d'un crucifix sur le torse, blessure qui ne guérira plus. Il participera à l'éveil culturel de la capitale française, devenant mécène de l'ombre, aidant tel ou tel artiste à percer. Il fraya avec les libertins se faisant alors appeler Richard d'Aquitaine, s'inventant une généalogie irréprochable. Il assista aux premières représentations de Molière, dansa sur les symphonies de Lully. Il se passionnera pour les philosophies grecques. Il quittera Paris avant la Révolution française pour partir à la découverte des pays de l'Est et de leur folklore. Au début du XXIème siècle, il retrouva la France avant de traverser de nouveau la Manche pour retrouver son Angleterre natale. Et quelle agréable et surprenante nouvelle lui vint aux oreilles...Londres semble avoir un nouveau Maître.
Asher.